Nobody sees how i feel today. <R.Emward>

Un. Deux. Trois. Quatre. Cinq.

Rose soupira, yeux grands ouverts, vrillés sur la fenêtre elle tentait de compter les flocons qui tombaient, c'était bien sûr impossible, mais c'était un moment propice à le faire, car la neige venait tout juste de commencer à s'écraser sur le sol. Pourtant, malgré son compte la jeune Minae n'arrivait pas à dormir. Elle se retourna une énième fois, fermement décidée à aller dans les bras de Morphée. Mais il en décida autrement, la repoussant vivement. C'était toujours aux moments critiques qu'on la repoussait, faisant mine de l'avoir un jour aimé. Rose paraissait être une flamme indestructible qui ne pourrait pas vaciller, un pilier qui, jamais ne tomberait. Mais rien n'est fixe et tout change. Et ça en faisait parti. Après la mort de son frère, seul être qui pouvait la comprendre réellement, elle s'était renfermée d'une manière à ce que personne ne sache qui elle était, ce qu'elle voulait, elle s'était fait passée pour une jeune femme sure d'elle, bien comme elle était, et jamais au grand jamais malheureuse. Trop de choses arrivaient d'un coup, trop d'horreurs refusaient de partir. La jeune Minae en eut assez de se laisser aller à de sombres pensés, elle prit son paquet de cigarettes, son zippo, un manteau qu'elle mit par dessus sa nuisette et enfila ses ballerines. Fin prête à sortir, elle observa le paysage magnifique puis sa compagne de chambre...qui à son grand soulagement ronflait, bouche ouverte. Elle mit ses affaires dans son manteau bien trop grand pour elle et partit dehors.

Rose arriva dans le grand couloir, elle descendit les escaliers lorsqu'elle entendit une porte que l'on fermait -au coup sec donné-. Sans doute un professeur insomniaque, pire somnambule ! Ne voulant prendre aucun risque elle courut vers la sortie, poussa l'immense porte et se retrouva dehors. A éclater toute seule de rire, elle avait fuie à la manière d'une démenée comme si sa vie était mise en jeu. Elle adorait courir de cette manière, l'adrénaline dans les veines, elle aimait le risque. C'était une autre facette de Rose, une facette plus connue aux yeux de tous. L'effet de la course passée, elle commença à se rendre compte qu'il faisait vraiment froid et que son manteau ne lui suffisait pas. Bah valait mieux avoir froid, fumer une bonne cigarette tout en voyant un paysage magnifique, que de rester claustré dans son lit, sans arriver à dormir. Elle regarda le ciel étoilé, éblouie par tant de beauté. L'une des dernières Galloway voulait juste avoir des pensées claires, lui évitant d'avoir la tête pleine de..oh elle ne préférait pas y songer. Elle alluma sa cigarette, sans quitter des yeux la voute étoilée et tira sur son bien. Lorsque soudain elle entendit des pas dans la neige, feutrés, digne de quelqu'un de discret. Mais elle, elle était attentive. Et les deux ne s'accordaient jamais bien. Ça se trouve c'était le professeur de tout à l'heure, il venait pour l'attraper par les cheveux et la ramener dans l'habitat normal de tout élève de nuit ? La buée du froid et la fumée de la cigarette ne la rendait vraiment pas discrète de surcroit. Elle s'arrêta de respirer. Sa mère ne supporterait pas de recevoir un courrier indiquant que sa fille allait à une heure du matin dans la neige glaciale...Rose ferma les yeux, attendant que le silence se fasse. Mais son souhait ne se réalisa pas...Peut être qu'elle dramatisait ? Peut être que ce n'était pas ce qu'elle pensait que c'était, peut être juste un élève, ou mieux un animal ? La belle blonde ne pria pas, ce n'était pas dans ses habitudes. Mais sa main libre eut sur le coup de doigts croisés.

Deux semaines, Emward avait survécu Quinze Jours, il en était assez fier, rien n'avait bousculé ses habitudes, il se sentait bien, ce rôle de professeur dans un tel établissement, c'était la récompense de toutes ces années de travail. Jamais, non jamais il ne gâcherait cela. Tout était si nouveau pour lui, il ne connaissait pas encore grand monde ... Lorsqu'il terminait ses cours, il rentrait très rapidement dans son Local, un endroit fort silencieux où il y travaillait énormément, il ne voulait décevoir personne. Emward est tout le contraire de son père, toute sa vie, il a tout fait pour terminer ce qu'il avait commencé. Ce poste, cette arrivée en Ecosse, ça annonçait la fin. La fin du commencement. Désormais il devait voir plus haut ...

Comme à son habitude, Emward faisait les cents pas dans les couloirs de l'établissement. Cette nuit encore, il n'avait pas trouvé le sommeil, depuis son arrivée, il n'avait pratiquement pas dormi, c'était un nouvel endroit pour lui, tel un chat, il devait faire ses marques, être en confiance.
Se lassant du silence qui était de plus en plus lourd, il pris le chemin de la sortie, le bruit des voitures le détendraient peut-être, une bonne cigarette également. La nuit, c'était un bon moyen pour lui de réfléchir, de penser à l'avenir, aux jours futurs, à sa propre vie qui n'était pour le moment, pas très glorieuse d'après lui. Le claquement de la porte résonnais dans le couloir, Emward avait cette habitude idiote de claquer très fort les portes afin d'être sûre que ce soit bien fermé.

Sans perdre de temps, il pris la direction de la sortie. La nuit était tombée, une légère brume opaque se déployait, il y avait de la neige, énormément de neige, ce qui le fit sourire un instant. La grande porte d'entrée qui l'avait accueillis le jour de son arrivée s'ouvrit avec difficulté lorsqu'Emward essaya de la pousser, il posa ensuite un pied dans la neige, une silhouette presque invisible dans l'ombre des arbres était là, devant lui, très proche, Emward regardait avec ses grands yeux, une cigarette en main qu'il avait allumé entre temps, laissant échappé de la fumée quasi invisible dans l'air. Il s'approcha, il avait cette impression étrange, c'était une femme, sans aucun doute, mais pas n'importe laquelle. C'était évident, personne n'avait un si beau regard, cette façon d'observer le monde, si innocente. Elle s'était retournée, face à Emward, elle n'imaginai sûrement pas l'effet qu'elle lui produisait. Il avait perdu tout ses moyens, comme toujours lorsqu'il était face à elle. Rose ... Il l'avait perturbé, ça faisait longtemps qu'il n'avait pas éprouvé un tel sentiment, la tête qui ne tourne plus très rond, le cœur qui s'emballe, c'était étrange, Emward ne l'avait vu qu'une fraction de seconde pour la première fois, il y a quinze jours, tout avait été mis en oeuvre, tel un film américain. La neige, la belle fille, le Professeur beaucoup trop vieux, un coup de foudre réciproque - ou pas. L'amour était une énigme qu'il n'avait jamais essayé de résoudre, dans sa vie, jamais une femme ne l'a rendu heureux, il n'a jamais connu l'amour et ses complications. De toutes façons, il ne pouvait pas s'embêter avec de nouveaux soucis tels que ceux-là, beaucoup trop jeune, trop fragile, une relation avec l'un de ces professeurs, quelle horreur ! On pourrait appeler ça un viol, Emward serait un Pédophile, Rose était l'une de ses élèves, ce n'était en aucun cas envisageable !

Rose n'osa pas se retourner un seul instant, mais il le fallait bien non ? Elle avait toujours été de nature curieuse, même lorsque sa vie en dépendait, était mise en jeu, Rose Joan Galloway se retournait toujours pour regarder le monde en face. De ses yeux si naïfs et pourtant si dures, de ceux qui en avaient vu des vertes et des pas mures, elle regarda l'or blanc tomber encore, retardant le moment où elle devrait connaitre l'identité de la personne aux pas feutrés. C'est ainsi qu'elle s'exécuta devant cette tache inévitable. Et elle ne fut pas déçue du voyage, se retrouvant devant son professeur. Cigarette en main, il semblait aussi surprise qu'elle, elle avala sa salive en tentant de rester neutre, neutre comme lui le faisait si souvent pendant ses cours, cette neutralité qui enrageait Rose. Cette neutralité qu'elle avait prit et prenait toujours pour de la haine refoulée, injustifiée. Elle n'avait jamais compris pourquoi elle, Rosie, qu'avait t'elle fait de mal pour qu'il ne manifestât aucun intérêt à ce qu'elle était ? Ils étaient peu dans son cours, car très peu ayant le don de la famille Galloway, tous maitrisaient avec une banalité effarante leurs don, c'est à dire à un niveau basique pour une élève de quatrième année, si ce n'est pour certains, moins. Mais Rose excellait, ça oui ! Oh bien sûr ce n'est pas comme ça qu'elle voyait les choses car elle était d'une nature très modeste. Mais c'était la pure vérité, ce professeur debout dans la neige, en face d'elle faisait mine ne de pas la voir, pourtant Ludmilla, une de ses véritables amies lui affirmait le contraire. Rose se contentait de lever les yeux au ciel alors qu'elle renchérissait : "Je te jure cette fois ci il a t'a encore regardé !", et la jeune blonde l'ordonnait de la fermer. William, le prétendant futur de Lay, sa sœur de cœur faisait de même avec des allusions lourdes et déplacées. Là elle savait très bien comment lui faire fermer son clapet, à coup d'une phrase concernant Lay, le tour était joué.

Oui mais voilà, elle. Elle, Rose se fichait de ce que pensait les autres, elle avait dans l'esprit au vu des regards froids de Mr. Purchase que celui ci ne l'aimait pas. Et c'était sûrement cela le plus douloureux, parce qu'elle, elle...ressentait dans son cœur battant à tout rompre -à ce moment là, dans la nuit glacial et étoilée- quelque chose. Quelque chose d'interdit, quelque chose qui outrepassait l'entendement. Cette façon qu'il avait d'enseigner, de parler avec passion de ce que Rose avait toujours renié...cette façon rare de sourire ce qui lui provoquait des rides discrètes au coin des yeux. Oui tout ceci et bien plus la rendait malade. Les autres gamins de la cour ne l'intéressaient pas, trop immatures, trop banals, ternes et stupides. Il n'y avait que lui qu'elle voyait, c'était une flamme dans l'obscurité. Oui mais voilà, aussi utopiste que la jeune femme était, elle avait des limites et savait que c'était impossible.

Toute ses réflexions avaient duré quelques secondes où le temps avait fait un suspend, et ceci n'était pas à prendre au sens figuré du terme, pendant quelques microsecondes, Rose avait, -plongée dans ses réflexions muées d'une certaine stupeur- arrêté le temps, seuls les éléments infimes s'étaient trouvés concernés, comme le vent qui secouait les feuilles mortes, les volatiles, la neige et la fumée des deux cigarettes des insomniaques. Elle se reprit et adressa un léger sourire gênée, consciente parfaitement qu'il devait s'être rendue compte de la chose.

« C'est pas ce que vous croyez. »

commença t'elle, sourcils froncés très peu sûre d'elle -chose qu'elle ne montrait pas, bien évidemment.

Après cette cigarette,

(elle désigna ladite cigarette)

j'allais aller me coucher. Je sais que je ne dois pas être là, mais ça duré que quelques secondes vous savez.

elle baissa la tête en se donnant mentalement une gifle, quelle idiote faisait t'elle ! Elle détestait mentir, et même si elle le faisait très bien, elle avait pour principe de ne jamais pratique cette chose qu'est le mensonge.

« Enfin. Je voulais aussi regarder les étoiles. Parce que je connais pas bien leur nom, pas du tout même, c'est important vous savez de connaitre... »

elle s'arrêta, s'apercevant que pour la première fois il buvait ses paroles. Littéralement. Il l'écoutait, raconter sa petite vie complètement monotone et inintéressante.

« ...les étoiles. »

finit t'elle le souffle court, son regard qui n'arrivait plus à le voir lui, parce qu'il l'éblouissait d'une lueur interdite.

» EMWARD •• Purchase U;c
» MIA •• I feel so untouched.