Don't fall down | Pv. Caresse

« Qui apaise la colère éteint un feu;
qui attise la colère,
sera le premier à périr dans les flammes. »
Hazrat Ali.

Il y a des jours comme ça, où vous avez besoin de vous énerver. Allez savoir pourquoi, ce genre de choses arrive, justement quand vous voulez absolument l’éviter, car généralement, ce sont dans ces moments là, que les autres décident de vous adresser la parole, ou même de vouloir passer du bon temps avec vous. On ne choisit pas quand on est en colère. La colère est un sentiment qui exprime une incompréhension, un doute, ou bien quelque chose qui nous échappe. Elle peut être passagère, elle peut être terrible, mais encore une fois, chacun est différent. La colère est une courte folie, disait Horace, elle peut même apaiser quand celle-ci est finie, mais encore une fois faut-il trouver la paix intérieure, quand celle-ci vous ronge depuis des heures.

Romeo n’avait jamais aimé l’hiver. Il faisait froid, il ne faisait que très rarement beau, et la neige il ne l’aimait pas. Or aujourd’hui tout était propice à ce qu’il soit de mauvaise humeur. Il avait encore très mal dormi, dernièrement, il avait un sommeil agité. Il rêvait sans cesse qu’on le torturait afin de lui extraire son don. Ce qui était totalement impossible, mais on ne maitrise pas ses rêves non plus. C’était pourquoi, il s’était levé en pleine nuit, et s’était assis sur le rebord de la fenêtre, contemplant un instant le paysage qui s’offrait à lui. Mais voilà, quand il avait voulu toucher la vitre, insistant un peu plus du regard, vers le ciel, il s’était malheureusement rendu compte, qu’il neigeait. C’était vraiment une petite neige, les flocons n’avaient même pas la taille d’une bille, mais ça le refroidissait. Tellement, qu’il avait crée une boule de feu dans sa main, histoire de l’éclairer, et de le réchauffer, lui qui ne dormait jamais qu’avec un seul petit boxer, et rien d’autre. Il arrivait à se détendre progressivement, oubliant partiellement la raison de son éveil. Il regarda les étoiles. Elles n’étaient rien d’autre que des boules de feu qui s’enflammaient avant de mourir. Etait-ce l’existence des étoiles qui le forçait à penser que son don n’était qu’éphémère ? Pourtant, il avait intelligemment pris son temps pour le maitriser, et on pouvait considérer qu’il faisait partie des meilleurs à présent, tant il savait faire de grandes choses avec ce feu. Mais il n’en oubliait pas moins certaines de ses crises. Il y avait des jours, s’il ne contrôlait pas ses émotions, son don faiblissait, jusqu’à s’éteindre provisoirement, et il s’en rendait malade. Mais au fond, n’était-ce pas ce qu’il avait toujours voulu enfant ? Que son pouvoir disparaisse, et qu’il puisse retrouver un train de vie normal ? Non. Il n’aurait pas pu. Sa famille aurait été folle de rage, et il n’aurait eu que ses yeux pour pleurer. Chassant toutes ces mauvaises pensées de son crâne, il se leva, pour retourner se coucher, alors que la neige commençait par tomber avec force, à plus gros flocons.

Le lendemain, il s’était éveillé, avec un gros mal de tête. Il était totalement congelé. Il ne comprenait pas. La chambre était humide. Il se leva rapidement, et constata qu’il avait du ouvrir la fenêtre et oublier de la fermer. De l’eau s’était amassée près de la fenêtre. Il avait froid. Alors il essaya de se réchauffer, tentant en vain de créer une quelconque flamme. Rien. Il ne paniquait pas, il garda son calme, attrapa son jean, et en sortit son zippo. Il l’alluma, et approcha ses doigts, lentement, il voulut agrandir la flamme, et s’en emparer, mais rien de tout ça arriva. Il s’empressa alors de descendre dans les douches, il devait absolument comprendre ce qui lui arrivait, mais avant ça, il devait s’habiller. Une fois cela fait, vêtu d’une simple chemise bleue pâle, et d’un jean, superposés d’une veste en cuir, il descendit vers le lac. Il avait l’habitude d’aller là-bas, quand ça n’allait pas. Il ne savait jamais pourquoi, mais en tout cas, ça le calmait, car il sentait la colère monter en lui, il bouillonnait. Il avait horreur quand ça se produisait. Pour la première fois en quelques temps, il avait froid, lui qui était une torche vivante, et qui avait le plus souvent plus chaud qu’autre chose. Il marchait, il serait bien allé voir l’une de ses sœurs, mais il n’avait aucune envie de devoir expliquer, ni qu’elles s’apitoient sur son sort. Heureusement, maigre consolation, il avait la poche remplie d’un sac de bonbons, qu’il sortit évidemment. Mais aucun des bonbons n’avait la même saveur que lorsqu’il les faisait habilement fondre.

Il arriva au lac, son appareil photo autour du cou. Au départ, il se pendit par les jambes dans un arbre. Et la tête en bas, les bras ballants, il ferma les yeux, et essaya de se contrôler, afin de sentir une quelconque chaleur en lui. Mais rien. Alors, il fit une sorte de salto, et tomba sur ses deux pieds au sol. Il attrapa une pierre, et l’envoya au loin dans l’eau en criant :

« C’est pas possible ça ! Je hais l’hiver ! »

Et pourtant, il était né en plein hiver. La pierre s’écrasa sur la glace qui recouvrait le lac. Il soupira. Il en avait plus qu’assez. Il serra fort ses poings, face au lac, essayant de ne penser qu’au feu et rien que ça. Etait-ce la fin ? Il n’en savait rien. Il se prit la tête entre les mains et dépité, il soupira :

« J’ai juste demandé une simple flamme… »

C’est alors qu’inconscient, il décida de marcher sur le lac. Il voulait tester la résistance de la glace. Il était fou de le faire, car elle n’était gelée que depuis peu. Il se plaça à quelques dix mètres de la rive, et il ferma les yeux. Il sentit le vent sur son visage, il aimait cette sensation. Il ne pensait à rien, si ce n’est à lui-même. Et contre toute attente, la glace commença à fondre sous ses pieds, et soudainement, il se sentit vaciller. Il se mit à sourire, il avait de nouveau le contrôle de son pouvoir. Il remonta alors dans l’arbre. Allumant son appareil photo, il envoya dans le ciel une superbe flamme, et s’amusa à la prendre en photo. Mais alors qu’il était plongé dans son occupation, il n’entendit pas les pas de quelqu’un qui s’approchait.

» Caresse; Snow White Died.
» Caresse Sugar; danse with the devil.